Comédies musicales |
9 juillet 2001 |
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Grande rétrospective de comédies musicales à la Cinémathèque
jusqu'au début du mois de septembre. Toutes les nationalités sont
représentées, de la France des films de Demy à l'Inde ou à la Russie,
mais c'est Hollywood qui représente la plus grande partie de la
programmation.
Le mois de juillet commence avec des films de Fred
Astaire. Astaire, contrairement par exemple à sa partenaire Ginger
Rogers, est aussi un grand acteur. Il faut le voir parcourir tout le
registre de la comédie romantique dans "L'aventure inoubliable" (The
Sky's the Limit), film remarquable où, as de l'aviation, il cherche à
oublier la guerre pendant une permission de dix jours en forme de
parenthèse enchantée. Lorsqu'il danse, la très grande précision de ses
gestes lui donne un magnétisme incomparable. Il possède une maîtrise
de son corps et de chacun de ses mouvements qui fait de lui
l'équivalent de Jackie Chan ou de Jet Li dans leurs scènes les plus
réussies. Le kung fu de Fred Astaire est grand.
Les comédies des années 30 souffrent souvent d'un scénario
trop schématique : un danseur essaie de monter un spectacle tout en
séduisant la fille du patron. De plus, ces films ont mal vieilli :
difficile de ne pas sourire devant le sentimentalisme de la brune
fatale et du blond platine de "Carioca". La plupart du temps, on y
cherche d'abord des scènes spectaculaires telles que le ballet sur des
avions en vol du même "Carioca". Presque toutes les comédies
musicales, à un moment donné, dévient un instant de leur scénario trop
banal pour une séquence inédite, une fantaise inattendue et
réjouissante.
Par la suite, les sujets gagnent en originalité et en
subtilité. Les danseurs cessent d'interpréter des rôles de
danseurs. Gene Kelly devient un soldat, un chasseur égaré dans la
nature, voire un pirate. Les films sortent des salons mondains et le
chorégraphe prend plaisir à construire les scènes les plus oniriques à
partir des objets et des lieux les plus triviaux. Les années 40 et 50
produisent alors les comédies musicales les plus réussies, celles qui
allient l'humour et la qualité de l'interprétation au plaisir immédiat
inséparable du genre. S'il ne fallait en voir qu'une, ce serait la
plus célèbre de toutes, "Chantons sous la pluie", qui met en valeur le
charme et la drôlerie des acteurs dans des chorégraphies
extraordinaires d'inventivité.
Gene Kelly est la grande figure de l'époque. A l'élégance et à
la perfection de Fred Astaire s'opposent l'athlétisme et le charme
moins sophistiqué de Gene Kelly, qui disait : "si Fred Astaire est le
Cary Grant de la danse, je suis le Marlon Brando". Ce qui est un peu
exagéré, car Gene Kelly peut aussi porter le smoking avec grâce à
l'occasion. Tous les deux ont la même intelligence de la chorégraphie,
qu'ils conçoivent souvent eux-mêmes.
Plus tard, bien sûr, les sujets évoluent encore. "West Side
Story" va chercher le mélo dans les bas fonds et les années 70 mettent
la comédie musicale en phase avec la musique populaire de son époque
en réalisant les films les plus kitschs de l'histoire du genre. Tout
ceci sera visible à la Cinémathèque, salle des Grands Boulevards,
d'ici au 2 septembre. On peut juste regretter qu'il y manque la toute
dernière des grandes comédies musicales américaines, "Dancer in the
Dark".
Thierry Bézecourt
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